*^*a^5^«-'.i'.C'..-VV.'" ^smm iitieme, Charles Gulllaiine La jeime femme colère C. G. ETIENNE La Jeune 'emme Colère COMÉDIE EN UN ACTE EN PKOSE _ NnrrvFLLF êdiuon — PARIS. — V' TOCK, ÉDITEUR (Ancienne Librairie TRESSE & STOCK) i5S, RUE SAINT-HONORF:, i55 Devant le Théâtre-Français aroiis de " V comiris la J ^.%m ycoméris la Suède et laTTdrV* frs 1 .„ur tous les payt , LA JEUNE FEMME COLÈRE COMEDIE Elt UN ACTE EX PROSE Reiirésenti-e à Paris, sur le Théâtre de Louvois, le 20 Oc- tobre 1804, et reprise par les Comédiens ordinaires du Roi, sur le Théâtre Français, le 28 septembre 1821. A LA MÊME LIBRAIRIE L'Ame des Héros, 1 acte en vers, par P. Bilhaud et M. Cuire. Lno petite pièce, 1823. — 3 hommes, 2 femmes . • 1 50 L'Ablette, 1 acte, par M. Ordonneau. Un salon, de nos jours. — 4 hommes, 1 femme 1 50 Les Amis avant tout, 1 acte, par A. Lemoine. Une salle à manger, de nos jours. — 2 hommes, 3 femmes 1 SO LWutomate, 1 acte, par E. Durafour. Salle à manger, de nos jours. — 4 hommes, 1 femme 1 > Les Brodequins de Lise, 1 acte, par Laurencin, Desvergers et Vaëz. Un salon, 1831). — 4 hommes, 1 femme 1 • La Cabine N° 9, 1 acte, par Marc Sonal et Laurey. Un bureau, de nos jours. — 3 hommes, 2 femmes 1 t Le Caporal et la Payse, 1 acte, par Yarin, P. de Koch et Garnier. Une chambre, l.SiO. — 3 hommes, 2 femmes 1 » Le Consolateur, 1 acte, par Prével et Erny. Un salon, de nos jours. — 3 hommes, 2 femmes • 1 50 Le Coup de Soleil, 1 acte, par A. Second et E. de Grave. Un sa- lon de nos jours. — 2 hommes, 3 femmes 1 50 Coup double, 1 acte, par Edouard Noël. Un salon, de nos jours. — 4 hommes, 1 femme 1 50 Criminel maigre' lui, 1 acte, par G. ^Marot et E. Philippe. Salle à manger, du nos jours. — 3 hommes, 2 femmes 1 50 La Croix du Capitaine, i acte, par G. Mathieu et A. Riondel. Un cabinet de travail, de nos jours. — 4 hommes, 1 femme ... 1 50 Dans les vieux Pots, 1 acte, par E. Héros et Trébla. Un salon, de nos jours. — 2 hommes, 3 femmes ! 50 Diploynale, 1 acte, par G. Hubeau. Un salon, de nos jours. — 3 hom- mes, 2 femmes 1 50 Docteur l... \ acte, par A. Hisson et G. Thurner. Un salon, do nos jours. — 3 hommes, 2 femmes i 50 En douceur, 1 acte, par L. XanrolT ni P. Veber. Un café, de nos jours. — 4 hommes, 1 femme 1 50 Le Gant, \ acte, par P. Bilhaud et M. Ilennequin. Un salon. nos jours. - 2 hommes, 3 femmes ' e. G. ETIENNE La Jeune Femme Colère COMÉDIE EN UN ACTE EN PROSE — HiOVyELLE ÉDITION — PARIS. — I" P.-V. STOCK, ÉDITEUR (Ancienne Libraire TRESSE êa STOCK) l55, RUE SAINT-HONORÉ, I 55 Devant le Théâtre-Français 1910 ' de tradoctioo, de teproduction et d'analyse réservés pour tous les pajrs y compris U Suéde et la NorTège. taJ^T PERSONNAGES / ' ' ' — EMILE DE VALRIVE MM. Armand. VOLMAR St-Aulairk. GERMAIN MoNROSE. ROSE DE VOLMAR M""' Mars. THÉRÈSE Desmousseaux. UN PETIT JOKEY. La scène se passe au château Valrive, à 40 lieues de Paris. LA JEUNE FEMME COLEKE Le théâtre représente un salon élégant avec de jolis meu- bles à la mode, canapé, fauteuil, etc. : à droite est une che- minée couverte de livres, ornée de vases de âeurs, un cor- don de sonnette est après, et une guitare y est placée; plus loin on voit une toilette dans laquelle est un peigne à chignon, un portrait de femme, et une sonnette dessus ; à gauche une table sur laquelle est un violon et des papiers de musique, un carton à dessin, un métier à broder près de la toilette sur un fauteuil. SCENE PHEMIERE GER^rATN et TIlfiRÉSE, achevant d'arranger l'appar- tement. GERMAIN, regardant à sa montre. Diable ! il va être oDze heures, et nos jeunes ma. ries n'ont pas encore paru. THÉRÈSE. Ah dame ! les nuits sont si courtes dans la belle saison. 6 LA JEUNE FEMME COLÈRE GERMAIN. Il faut avouer, not' femme, que ça fait un bien joli couple. THÉRÈSE. Ah ! je t'en réponds ; c'est que M. Emile, notre jeune maître, est un charmant cavalier; c'est tout le portrait de son pauvre père. GERMAIN. Et la jeune femme, avec sa taille mignonne, avec ses deux grands yeux bleus, et sa petite mine es- piègle, elle a l'air d'un fier lutin. THÉRÈSE. Que trop... Veux-tu savoir ce que je pense, Ger- main ? je crains que notre maître ne soit pas heu- reux. Je tremble que cette petite femme-là n'ait un mauvais caractère... As-tu vu comme elle a traité hier cette grande femme de chambre arrivée de Paris ? J'ai cru, dieu me pardonne, qu'elle allait lui donner un soufflet. GERMAIN. Bah! tu vois toujours les choses en noir; parce qu'avec sa jolie petite main... Ces femmes de cham- bre de Paris sontqueiquefois bien impertinentes !... et puis, notre maîtresse est si jeune, si jeune ; et M. Emile est si raisonnable... THÉRÈSE. Je désire me tromper... mais... GERMAIN. Avoue, notre femme, que la noce a été superbe : comme les garçons avaient bonne mine sous les ar- mes ! comme le magister a fait un beau discours à la mariée ! LA JEUNE FEMME COLERE 7 THÉRÈl^E. Oui. vraiment, il lui a parlé latin. (iKRMAIN. \ Tout cela me rappelle le jour de nos noces ; sais- tu bien qu'il y aura trente-cinq ans le 20 octobre prochain ? THÉRÈSE. Déjà, notre homme ? GERMAIN. Te souvierts-tu de ce jour-là, ma femme? THÉRÈSE. Si je m'en souviens, il me semble que j'y suis encore. GERMAIN. Me vois- tu, le chapeau bas, avec mon gros bou- quet, prendre ta main pour ouvrir la danse. THÉRÈSE. Ah! comme mon pauvre coîur battait dans ce moment-là î GERMAIN. Et le mien donc ! mais vraiment je crois en- core... Il porte la main sar son cœur. THÉRÈSE. Allons donc, not'homme, allons donc, point d'en- fantillage ; c'est bon pour ces jeunes gens qui sont là. Mais je m'amuse ici, et j'oublie que j'ai de la besogne à faire : not' jeune maîtresse a renvoyé sa femme de chambre, et monsieur m'adit de tout dis- poser aujourd'hui pour sa toilette... ça me donne un mail... 8 LA JEUNE FEMME COLÈRE GERMAIN. Ah! voici M, Emile, avec son beau-frère, M. le Major. THÉRÈSE. Il a l'air d'un bien brave homme, ce M. le Ma- jor. SCENE II GERMAIN, THÉRÈSE, EMILE, VOLMAR. EMILE. Bonjour, mes amis, bonjour. THÉRÈSE. Votre très humble servante, M. Emile. EMILE. Eh bien ! mon vieux camarade, tu t'es donné beaucoup de peine pour la fête d'hier. GERMAIN. Nous appelez ça de la peine, M. Emile, quand il s'agit de votre bonheur ? EMILE. En songeant au mien, je me suis occupé d»i vôtre, mes amis ; il était juste de récompenéer vos longs services. Je vous ai assuré à tous deux une pension pour le reste de vos jours. THÉRÈSE. Ah I M. Emile, que vous êtes bon! Nos derniers jours seront heureux, si nous les passons auprès de vous. LA JEUNE FEMME COLERE 9 EMILE. Vous voyez ces braves geDS, iiioD frère ? ce sont de vieux amis, (jTie je porte dans mon cœur. L'un était le domestique de confiance de mon père, et l'autre la femme de chambre de ma mère. Ce sont eux qui ont soigné mon enfance. THÉRÈSE. C'est pourtant vrai, M. le Major. Qu'est-ce qui dirait, en voyant ce beau grand homme-là, que je l'ai porté dans mes bras; oui, monsieur, je vous ai porté dans mes bras ; ah! que vous étiez gentil... GERMAIN. Il me semble encore le voir avec son petit habit vert... EMILE. C'est bien, mes bons amis ; allez, allez, et ne tra- vaillez pas trop, entendez-vous? il est si juste que vous vous reposiez. THÉRÈSE. Ah 1 M. Emile, nous trouverons toujours des for- ces pour vous servir. GERMAIN. Viens, ma femme, viens, il ne faut pas se rendre importun, fais ta révérence et... THÉRÈSE, faisant la révérence. Allons, allons; messieurs, je suis votre servante. EMILE. Adieu, Thérèse, adieu. THÉRÈSE. Ah! le bon, l'excellent maître que nous avons là! 1. 10 LA JEUNE FEMME COLÈRE SCÈNE III EMILE, VOLMAR. VOLMAR. Eh bien! mon cher Emile, vous [devez être au comble de vos vœux. EMILE. Oui, mon frère, je l'avoue, je ne connais personne au monde dont le sort me paraisse égal au mien. Entouré de bons serviteurs, de véritables amis, possesseur d'une fortune considérable, époux d'une femme jeune et belle, j'espère parcourir une car- rière douce et heureuse, et partager ma vie entre l'amour et l'amitié. VOLMAR. Ce cher Emile! vous savez quelle fut ma joie lorsque vous vous proposâtes pour être l'époux de ma sœur. EMILE. Ah! combien je suis touché en me rappelant avec quelle franchise... VOLMAR. Ecoutez, mon ami; je vous ai prévenu, et je le devais à ma loyauté. Je vous ai dit qu'elles étaient les bonnes qualités de ma sœur; mais je ne vous ai pas dissimulé ses défauts. Votre amour est né si vite, votre mariage s'est fait si promptement que vous n'avez pas eu le temps de les apercevoir... et puis, quand on est amoureux... Si j'avais gardé le LA JEUNE FEMME COLÈRE 11 silence, peut-être seriez- vous venu médire un jour : mon frère, je ne suis pas heureux, votre sœur est une étourdie, une femme impatiente, emportée. EMILE. Ah ! mon cher Volmar, vous exagérez. VOLMÂR. Non, je VOUS l'ai dit, et je vous le répète encore, Rose a été fort mal élevée : orpheline dès le bas âge, elle a été abandonnée à une vieille tante qui l'idolâtrait et qui ne l'a jamais contrariée un seul instant; une foule de domestiques étaient tou- jours là à épier ses désirs, à exécuter ses ordres ; aussi est-elle d'ufae impatience, d'un emportement dont il n'y a pas d'exemple. EMILE, souriant. Elle a l'air si doux. VOLMAR. C'est un petit démon... dans ses accès de colère, elle casse, elle brise tout ce qui se trouve sous sa main. Aucune femme de chatnbre ne peut rester avec elle plus de huit jours. Hier, à peine étions- nous descendus de voiture, qu'elle a renvoyé Justine sous le prétexte le plus frivole... Maison vérité j'admire le sang-froid avec lequel vous écoutez tous ces détails. EMILE. D'abord, je vous l'avouerai, je crois que le ta- bleau est un peu chargé : les frères ne sont pas flat- teurs. VOLMAR. Les amants sont aveugles. 12 LA JEUNE FEMME COLÈRE EMILE. Eh bien, je vous jure qu'il lui est à peine échappé un mouvement d'impatience devant moi, VOLMAP. Parbleu ! je n'en suis pas surpris : la veille du maria^çe une femme sait déguiser ses défauts ; le jour, elle se contraint encore ; mais le lendemain... Ah ! mon pauvre ami, vous n'y êtes pas. EMILE. On dirait que vous voulez me faire peur, mon frère ; mais je suis bien tranquille. Rose n'a que dix-huit ans ; jamais son caractère n'a été réprimé, vous me l'avez dit vous-même, on a toujours volé au devant de ses moindres désirs: enfin, c'est un véritable enfant gâté ; mais ellç est franche, naïve, sensible ; elle a de l'esprit, elle m'aime, nous nous arrangerons fort bien, ne vous inquiétez pas. VOLMAR. Ah ! sans doute, elle a de bonnes qualités, un ex- cellent cœur, c'est dommage que ce diable de dé- faut... EMILE. Un défaut peut se corriger. VOLMAR. Il faudrait donc refaire son éducation. EMILE. C'est aussi mon projet. VOLMAR. Un mari Mentor ? l'Mi I.K. Et pourquoi pas ? dans un bon ménage, le plus LA JEUNE FEMME COLÈRE 13 raisonnable des deux ne doit-il pas ses conseils à l'autre ? VOLMAIl. On se moque des leçons d'un mari... EMILE. Songez, mon frère, que nous ne sommes pas à Paris : j'avais mon plan lorsque j'ai désiré que no- tre mariage se fit à la campagne, ici. Rose est tout à moi, je n'ai à craindre ni la dissipation, ni les conseils perfides!... VOLMAR. Ni les mauvais exemples. EMILE. Ecoutez-moi, Yolmar, vous aimez votre sœur ? VOLMAR." Ah ! vous le savez. EMILE. Vous pouvez me seconder dans mon projet... VOLMAR. Qui ? moi ! EMILE. Avec votre secours, je veux rendre votre sœur la femme la plus patiente, la plus douce... VOLMAR. Ah ! mon ami, quel ouvrage vous entreprenez là ! EMILE. Elle vient... silence... dans un instant nous irons faire quelques visites, et chemin faisant, je vous expliquerai... 14 LA JEUNE FEMME COLÈRE SCÈNE IV ROSE, eu joli négligé du matin, EMILE, VOLMAR. ROSE, avec un petit air boudeur. Bonjour, mon ami ; bonjour, mon frère. EMILE. Nous parlions de toi, Rose ; ton frère me faisait ton éloge; mais tu n'as pas Tair content, ma bonne amie, est-ce que tu as quelque petit chagrin ? ROSE. Ah ! mon ami, je suis dans un embanras cruel; conçois-tu l'afifreux malheur qui m 'arrive ? EMILE. Qu'est-ce donc, ma chère Rose ? ROSE. Je me trouve sans femme de chambre. VOLMAR. Ah ! mon Dieu ! ROSE. Hier soir, dans un petit mouvement de vivacité, j'ai renvoyé Justine : eh bien! le croirais tu. oIIp a eu l'impertinence de s'en aller. KM ILE. Pouvait- elle mieux faire que t'ob/ir ? ROSE. . Non, mon ami, j'en ai été fâchée ce matin ; je viens de la renvoyer chercher... ollrétnit (l«\i;"t par- tie. LA JEUNE FEMME COLÈRE 15 VOLMAR, Oh ! c'est abominable l ROSE. Au reste, je m'en consolerai bientôt, elle était d'une apathie, d'une lenteur insupportable. VOLMAR. Il me semble que tu en avais déjà renvoyé une la veille de notre départ de Paris. ROSE. Ah ! mon ami ! ne m'en parle pas. Celle-là était d'une vivacité, d'une pétulance... Jamais je n'ai vu un pareil brouillon. EMILE. A ce que je vois, tu en trouveras difficilement une bonne. VOLMAR. Oh ! oh ! c'est que pour parvenir à une charge aussi essentielle, il faut avoir fait de profondes étu- des. ROSE. Eh bien, mon frère, allez-vous recommencer vos satires contre les femmes? vous ne pouvez pas vi- vre sans elles, et vous êtes toujours à en médire ; voilà de ces contradictions que je ne souffre pas. EMILE, lui baisant la main. Adieu, ma bonne amie. ROSE. Eh bien!... vous me laissez déjà '? EMILE. Nous allons faire quelques visites, mon frère et moi. 16 LA JEUNE FEMME COLÈRE ROSE. Et quelles visites, mon dieu t vous voilà tous les deux en uniforme, comme si vous alliez passer une revue. EMILE. Nous allons voir les principaux habitants de l'en- droit. Je compte les engager à dîner pour aujour- d'hui. ROSE. Mon dieu, comment vais-je faire pour ma toi- lette ? EMILE. Tranquillise-toi, Rose, nous avons ici l'ancienne femme de chambre de ma mère, elle a été fort ha- bile dans son temps. Prévoyant bien l'embarras ou tu allais te trouver, je lui ai dit de tout disposer pour ta toilette... en sortant je vais te l'envoyer... Adieu, ma bonne amie. ROSE. Adieu, mon ami, tu reviendras bientôt, n'est-ce pas ? Dans un instant, nous serons de retour. ROSE. Quand je ne suis pas avec toi, je m'ennuie, mon ami, je t'en préviens. I^MILE, la baisnnt sur le front. Adieu. LA JEUNE FEMME COLÈRE 17 SCÈNE V ROSE, seule. Voyons, quelle robe mettrai-je aujourd'hui?... ma tunique bleue. Oh ! non, non, je mettrai ma pe- tite robe (le crêpe l)lanc, avec une garniture de fleurs "de pécher. Emile ne me l'a pas encore vue, il va me trouver jolie comme un ange. Gomme il est aimable ! il ne s'attend pas au cadeau que je vais lui faire. Je veux lui donner mon portrait. SCÈNK VI ROSE, GERMAIN. • GERMAIN. Madame, je viens vous dire que mon épouse va se rendre à vos ordres. Je l'ai laissée occupée à ran- ger vos cartons, elle sera ici dans une petite mi- nute. ROSE. C'est bon, mon cher. GERMAIN. Eh bien ! madame, comment trouvez-vous notre pays? ROSE, se regardant et s'arrangeant les cheveux, au miroir de sa toilette. Fort agréable. 18 LA JEUNE FEMME COLÈRE GERMAIN. Ah dame I c'est bien loin de valoir Paris. ROSE, toujours à sa toilette. Vous connaissez donc Paris, Germain? GERMAIN. Oui, madame, tel que vous me voyez j'en ai fait le voyage en 77, avec M. le Comte... C'était en hi- ver. Je me rappelle qu'il faisait un froid... ROSE. Ah ! voilà ma guitare... qu'est-ce qui Ta mise là? GERMAIN. C'est moi, madame, qui l'ai déballée. ROSE, fredonnant. Ah î comme elle est fausse ! il faut que je l'ac- corde. Vous me disiez donc, Germain... GERMAIN. Je disais que j'avais fait le voyage de Paris. Nous y arrivâmes le 5 janvier, (ici une corde de la guitare casse, Rose fait un mouvement d'imp&tience.) Le lende- main, à ces heures-ci, il m'arriva la plussingulit-re aventure. Ici une corde casse encore, Rose frappant du pied. ROSE. Ah ! mon Dieu ! (iERMAlN. Parbleu ! madame, il faut que je vous conte ça : J'étais à causer tranquillement dans la rue Saint- Honoré, quand tout à coup j'entends un bruit. . Ici une troisième corde se brise. LA JEUNE FEMME COLÈRE 19 ROSE. Oh ! c'est insupportable ! Ne 86 possédant plus, elle jette violemment la guitare sur le parquet. GERMAIN. Ah! mon Dieu! qu'est-ce que c'est que ça ? par ma foi, j'ai cru que j'y étais encore. ROSE. Allons, qu'est-ce que vous faites là? retirez-vous. Et votre femme, voyez comme elle arrive. SCÈNE VII ROSE, GERMAIN, THÉRÈSE. THÉRÈSE, arrive avec un grand carton à la main, dans le- quel est une robe de crêpe blanc avec un grand falbala rouge et un chapeau. GERMAIN. Un instant, madame, un instant. Tenez, la voici !- ROSE. Ces gens-là me feront mourir avec leur lenteur. GERMAIN, sortant, à Thérèse qui entre. Tu avais raison, Thérèse, tu avais raison. Dans le fait elle est un peu prompte, notre jeune maî- tresse, elle est un peu prompte. ROSE. Eh bien, approchez donc, la bonne, je vous at- tends. GERMAIN, sortant. Ah ! quelle tète î ah ! quelle tête ! 20 LA JEUNE FEMME COLÈRE SCÈNE VIII THÉRÈSE, ROSE. THÉRÈSE, arrivant lentement. Me voilà, madame, j'accours, disposée à vous rendre mes services très humbles si j'en étais ca- pable. ROSE, à part. Elle accourt! La jolie petite tournure de femme de chambre ! (Haut.) Tenez, la bonne prenez la clé de ma toilette, ouvrez le tiroir du milieu, et donnez- moi mon peigne-. Vous serez bien en état d'arranger mes cheveux. THÉRÈSE. Vos cheveux, [madame, oh! soyez tranquille, je vous ferai un toupet et un chignon. Elle ouvre et réferme le tiroir. ROSE. Ah! mon Dieu! Emile va revenir, dépêchez-voûs donc. (Thérèse laisse tomber le peigne.) Que VOUS êtes maladroite !î THÉKÈSE. Aussi VOUS me pressez tant! (Haut.) Voilà votre clé, madame. LA JEUNE FEMME COLÈRE 31 SCÈNE IX THÉRÈSE, ROSE, EMILE, paraissant dans le fond du théâtre. EMILE. Fort bien ! ROSE. Au moins, saurez-vous m'habiller. THÉRÈSE. Gela se demande-t-il, madame quand on a été trente-deux ans femme de chambre ; au reste, il ne m'appartient pas de me vanter, vous allez voir de mon ouvrage : vos robes étaient arrangées à faire peur; je les ai mises dans un état... ROSE. Vous avez touché à ma robe?... (Elle u tire du car- ton avec vivacité.) Ah! mon Dieu ! qu'est-ce que c'est que ça? THÉRÈSE. Madame, c'est un falbala. Ceci est un fontange. ROSE. Ah ! quelle horreur ! Voilà ma robe gâtée. THÉRÈSE. Mais, madame, quand j'ai quitté Paris, c'était une fureur. ROSE, Ii^i jetant la robe au nez. L'impertinente !... Et mon joli chapeau ? 22 Là J£UNË F£MM£ COLÈRE THÉRÈSE. Madame, j'en ai fait un pouffe. Regardez-le, il est superbe. ROSE, en fureur.] Sortez, sortez, vous dis-je.3 THÉRÈSE, fuyant. Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! quel démon ! SCÈNE X HOSE, EMILE} regardant toujours au fond du théâtre. Il a souri pendant toute la scène précédente. ROSE. Que je suis malheureuse! et mes jolies fleurs de pêcher. Ah ciel ! elle a mis la garniture de ma robe sur mon chapeau. Elle prend tour à tour ses bonnets, ses robes, ses cha- peaux, les arrache, les déchire et les foule aux pieds. EMILE. A merveille... à merveille... me voilà... C'est moi-même... Ah! que je suis heureux! C'est abso- lument ça. ROSE, l'aperceTant. Quoil vous étiez là, mon ami? qu'avez-vous donc ? EMILE. Ma chère Rose, je suis au comble de la joie, en- chanté, transporté : un instrument brisé, des robes foulées aux pieds... ah ! mais c'est unique, je me reconnais^ LA JEUNE FEMME COLERE 23 ROSE, un peu cofifuse. Que voulez-vous dire ? EMILE. Oh! ma charmante amie, il est bien vrai que le ciel nous a faits Tun pour l'autre. Quelle sympa- thie! quelle étonnante conformité de caractère! ROSE. Gomment donc ? EMILE. Oui, je suis tout cela, moi : impatient, colère, furibond, brisant tout, chassant tout. ROSE. C'est une plaisanterie. EMILE. Non, je vous le proteste : c'est la pure vérité. Ecoutez-moi, Kose, je ne veux plus rien vous dé- guiser. Vous allez tout savoir : il faut d'abord vous avouer que j'ai été mal élevé par mon oncle. ROSE. Vous, mal élevé? EMILE. Horriblement. Dés ma première jeunesse, j'an- nonçai un caractère indomptable... je maltraitais mes maîtres, je frappais les domestiques. Mon on- cle, aveuglé par sa tendresse pour moi, [trouvait tout cela charmant. Voilà un enfant qui promet, disait-il, il aura de l'énergie. ROSE. En efifet, cela est singulier. EMILE. Vous pensez bien ,que ma pétulance n'étant ja- 24 LA JEUNE FEMME COLÈRE mais répriméo, n'a fait que s'accroître avec l'âge ; cependant, lorsque j'épousai mon aimable Rose, j'ai fait de sérieuses réflexions. Oue pensera-t-elle, me disais-je, quand elle découvrira mon caractère ? Elle me prendra pour un monstre; elle me haïra. ROSE. Ah ! mon ami ! EMILE. Cette idée me fit frémir! juge donc quelle a été ma joie, en découvrant que tu avais le même dé- faut. Maintenant, je suis persuadé que tu voudras bien l'excuser en moi. et, grâce au ciel, me voilà délivré de l'inquiétude la plus affreuse. ROSE. Gomment, mon ami, vous avez le caractère vio- lent? EMILE. Fougueux. ROSE. Mais c'est singulier, je ne m'en suis jamais aperçu avant notre mariage. EMILE. Ah! c'est tout simple, ma bonne, je cherchais à te plaire, et il paraît que tu avais le m^mo .l.'sir ROSE. Je vous cro5^ai8 si doux. EMILE. Oh ! mon Dieu, non. C'est du feu qui circule dans mes veines; et à la moindre contradiction... ROSE. Moi, de même, pour peu qu'on me contrarie, le LA JEUNE FEMME COLÈRE 25 cœur me bat, et j'entre dans des fureurs... mais ça ne dure pas longtemps, mon ami. EMILE. L'instant d'après, il n'y paraît plus. ROSE. Et je suis au désespoir si j'ai fait de la peine à quelqu'un. EMILE. Moi, aussi, ça me désole ; mais j'ai un malheur : souvent je recommence au bout de deux minutes. ROSE. C'est terrible, cependant. EMILE. Pourquoi donc ? tout le monde n'a-t-il pas ses dé- fauts ? Nous sommes fort heureux d'avoir le même ; au moins on ne pourra pas dire qu'il y a incom- patibilité d'humeur. Moi, je trouve que nous som- mes bien partagés : la vivacité annonce toujours un bon cœur... d'ailleurs, dès que nous aurons de l'in- dulgence l'un pour l'autre, ù quoi bon nous gêner? Nous ferons à nous deux un tapage épouvantable, mais les raccommodements seront délicieux. ROSE. Les raccommodements! Emile, vous pensez donc que vous vous mettrez en colère contre moj ? EMILE. Chère amie, vous savez que c'est un mouvement indépendant du cœur et de la raison. Quand le sang porte à la tête, on est capable de tout. Moi, je ne connais personne, mais l'accès passé, je serai à vos pieds, vous n'en doutez pas. 2 26 LA J£UN£ F£MMË COLÈRE ROSE. Oui, c'est charmant; mais nous nous raccommo- derons le moins possible, n'est-ce pas ? EMILE. A propos, ma chère, nous aurons six personnes à dîner. Voici ton frère, je vous laisse ensemble un instant, pour aller donner mes ordres; adieu, ma bonne. Tu n'imagines pas combien je suis soulagé par l'aveu que je viens de faire. SCENE XI Les Précédents, VOLMAR. VOLMARjbas à Emile. Eh bien ? Emile, en sortant, à Vulmar. J'ai commencé, et j'espére que ça n'ira pas mal. SCÈiNE XII BOSE, VOLMAK. VOLMAll. Qu'est-ce que tu as donc, ma sœur ? penses-tu toujours à ta femme de chambre? ROSE* Il s'agit bien de femme de chambre, mon frère* LA JETNE FEMME COLÈRE 27 VOLMAR. Mais comme tu as Tair rêveur I A quoi donc ré- fléchis-tu ? ROSE. Hélas! j'ai bien sujet de réfléchir. VOLMAR. Ah î je le crois, ma sœur. ROSE. Mon frère, dispensez-moi de vos plaisanteries... tenez, je ne suis pas d'humeur. Ici on entend un grand bruit de tables renversées, de meubles brisés. VOLMAR. Quel bruit entends-je ? ROSE. Ah! mon Dieu! serait-ce déjà lui? On entend encore du bruit. VOLMAR. Le bruit redouble, je crois en vérité qu'on se bat. ROSE. Mon frère, je t'en conjure. VOLMAR. N'aie pas peur, ma bonne amie, j'y cours, et je reviens t'apprendre ce que c'est. SCÈNE XIII ROSE, seule. Je tremble... ah! mon Dieu! si c'était Emile.. 28 LA JEUNE FEMME COLÈRE cependant il ne fait que nous quitter... ah! je ne le vois que trop... il ne m'a pas trompée... mais je H'en reviens pas, avec une physionomie si douce. SCÈNE XIV ROSE, VOLMAR, rentrant avec un air de mauvaise hu- meur. ROSE. Eh bien ! mon frère ? VOLMAR. C'est M. votre inari. ROSE. Emile!... mais qu'a-t-il donc ? VOLMAR. Oui, oui, va-t'en le lui demander; je l'ai trouvé le visage ardent, les yeux enflammés; il a mis tous les gens de la maison en fuite; il renverse les ta- bles, les meubles, brise les porcelaines, les glaces. ROSE. Ahl mon Dieu ! et mon superbe cabaret, le pré- sent de noce de ma tante. VOLMAR. Je t'avoue que je suis fort inéi-ontent d'une pa- reille conduite, elle est vraiment scandaleuse; j'ai voulu le calmer, et il m'a répondu avec un ton... ROSE. Mon frère, ne te fûche pas; c'est qu'il est un peu violent, vois-tu : il me l'a avoué. LA JEUNE FEMME GOLÈKE 29 VOLMA.K. Eh bien! morbleu ! quand on a ce défaut-là, on ne se marie pas ; on n'associe pas son sort à celui d'un être qu'on s'expose à rendre malheureux, et je te jure bien ma sœur, que si j'avais su... ROSE. Ah ! mon frère, voili qu'il vient de ce côté; il a toujours lair plus furieux. Les scélérats!... ROSE. Mon frère, ne lui dis rien, je t'en prie. Dans ces moments-là, il ne connaît personne... Gomme il a les (yeux égarés! je cours me renfermer dans ma chambre : je reviendrai quand l'accès sera passé ; il m'a dit que cela ne lui durait pas longtemps. SCÈNE XV VOLMAH, EMILE, arrivant dans rattitude d'un homme furieux. VOLMAR. Mon cher Emile! EMILE. yion frère, laissez-moi je ne me connais plus. ROSE, se hâtant d'entrer dans sa chambre. Ah !|mon Dieu ! mon Dieu ! je n'ai pas une goutte de sang dans les veines. 3, 30 LA JEUNE FEMME COLÈRE VOLMAR, riant aux éclats. Ah ! ah ! ah ! ah ! EMILE, tiant. Eh bien ! mon frère ? VOLMAR. Elle a eu une peur... elle ne sait où elle en est. Ah! mon cher Emile, je vous félicite. EMILE. Laissez-moi achever mon ouvrage; c'est alors seulement que vous pourrez me féliciter. VOLMAR. Allons, mon ami, du courage ! car il en faut pour tenter une pareille épreuve dans un |jour qui est ordinairement consacré à la tendresse. EMILE. Et c'est précisément le [meilleur que j'aie pu choisir. La beauté souffre une leçon, quand c*est l'amour qui la donne ; mais lorsque ses premières ardeurs sont passées, au lieu d'un précepteur ai- mable, elle ne trouve plus qu'un censeur austère, qu'un pédant ennuyeux... La raison qui plaît tant dans la bouche d'un amant fatigue dans celle d'un mari. Allez, mon frère, allez j'ai tout calculé. VOLMAR. A merveille, vous êtes en bon train ; je vous laisse. En attendant le dîner, je vais écrire quel- ques lettres à mon régiment... Ah ! mon frère, c'est à faire à vous, et je vous rends les armes. l^MILE. Songez quêtons m as'ez proim- \ U'' ^^ernurs. LA JEUNE FEMiME COLÈRE 31 VOLMAR. Je VOUS ai donné ma parole, vous pouvez y comp* ter. SCENE XVI ROSE, EMILE, il prend un carton, s'asseoit dans un fau- teuil, et se met à dessiner. ROSE, entr'ouvrant sa porte, et regardant d'un air craintif. Voyons s'il est encore en fureur : mon ami, est- ce passé ? EMILE. Aht c'est toi. Rose ? ROSE. Qu'est-ce que vous faites donc là ? EMILE. J'achève l'ouvrage que j'ai commencé pour toi ; je dessine le bosquet où je t'ai vue pour la première fois chez ta tante. Tiens, regarde, ne reconnais-tu pas le fond du parc ? ROSE. C'est charmant. Pour ne pas t'empêcher de tra- vailler, moi, de mon côté, je vais m'asseoir et bro- der l'écharpe que je t'ai promise. EMILE, souriant. Rose, je me suis rais en colère depuis que je ne t'ai vue. ROSE. Je le sais bien, vous m'avez fait une peur... 3â LA JEUNE FEMME COLÈRE EMILE. Bah! ce n'est rien que cela. ROSE. Gomment! ce n'est rien? EMILE. J'ai fait maison nette ; à l'exception de Germain et de Thérèse, j'ai renvoyé tous les domestiques. ROSE. Vous aviez l'air si calme, quand vous m'avez quittée ; comme vous vous êtes fâché vite !... EMILE. Que veux-tu ? je me contenais depuis si lonpr- temps! j'ai profité de la première occasion; j'ai fait bien du tapage, n'est-ce pas ? ROSE, à part, en brodant. Mais voyez donc comme il parle légèrement!... ÉNflLE, riant. Si tu voyais le salon, on dirait un champ de ba- taille. ROSE. Oui, riez, monsieur, riez, je vous le conseille. KMILE, continuant à dessiner. Oh ! comme ce paysage est frais, ce calme déli- cieux... Sais-tu dans quelle attitude je me dessine? au milieu d'un bosquet de roses, et me fixant au- près de la plus jolie. Rose quitte tout doucement son ouvrage, vient sur la pointe du pied, et appuie son bras sur l'épaule de son mari. EMILE, se retournant ot lui baisant la main. Bonjour, ma bonne amie. Eh bien, tu t'en vas ? LA JEUNK FEMME COLÈRE 33 Reste donc, pour jouir un moment de la perspec- tive. ROSE, retournant à son métier. Non, monsieur, non; je ne voulais vous dire que cela. D'ailleurs, vous êtes un méchant, vous avez brisé mes porcelaines. EMILE. Ah! un petit moment ; ne nous reprochons rien, ma bonne amie ; n'as-tu pas brisé ta guitare ? ROSE. Oui ; mais c'est bien différent, elle ne [t'apparte- nait pas. EMILE, Bah ! moi qui te parle, j'en ai fait bien d'autres: je suis sûr que j'ai cassé dans ma vie dix violons et autant de flûtes. ROSE, Ah ! mon Dieu ! EMILE. Si je n'étais pas aussi colère, je serais bon musi- cien; mais au premier passage difficile, je déchire les cahiers, je renverse les pupitres. ROSE. Ah ! mon ami, le vilain défaut que tu... que nous avons là! EMILE, Hélas! plût à Dieu que je n'eusse que de sembla- bles bagatelles à me reprocher! ROSE, quittant son ouvrage, et se levant avec inquiétude* Qu'est-ce que vous avez donc fait/mon ami? 8'j LA JEUNE FEMME COLÈRE EMILE. Non, Rose, je ne peux pas te le dire. ROSE. Pardonnez-moi, monsieur, vous me le direz; vcu- Icz-vousbien me le dire? KMILE. Un petit moment, laisse-moi finir cette cascade. ROSE. Ah! mon Dieu! monsieur, laissez-là votre cas- cade, et dites- moi ce que vous avez fait. EMILE, se levant. Hélas ! à quel pénible aveu me forcez-vous ? Vous allez avoir bien mauvaise opinion de moi. ROSE, impatientée. Parlez donc, EMILE. Vous voyez bien Germain, ce vieux, ce fidèle ser viteur. * ROSE. Eh bien ! EMILE, h part. Eiïrayons-la. (naut.)"Jl y a six mois que, dans un accès de colère, j'ai eu le malhetir «le lui casser un bras. ROSE. Casser un bras... Oh! mon ami, c'est alïreux! il est vrai que je sui.s très vive ; mais je n'ai jamais rien fait qui approchât de cela. A la vérité, j'ai brisé quelques meubles. 'KMILl . C'est J)ien, tu os une femme, il laut '!<■ la |.r.t|>.>r- L\ JEUNE FEMME COLÈKE 35 tion ; je suis plus fort que toi, vois-tu ma bonne amie ; les passions des hommes!... Pauvre bon vieux Germain, cet affreux souvenir me poursuivra toute ma vie. ROSE. Casser un bras! EMILE, après un long soupir. Hélas! si ce n'était encore que cela. ROSE. Gomment! mon ami, encore 1 Ah ! mon Dieu î EMILE. Vous devez bien penser qu'avec un pareilcarac- tére j'ai dû me battre plus d'une fois, et que... ROSE. Ah ! mon ami, ne vous battez plus, vous me fe- riez mourir. EMILE. Gomment donc faire ? ROSE. Il faut te corriger, mon Emile. Promets-moi de te corriger. EMILE. Me corri^^er, ma chère amie ? c'est impossible ROSE. Gomment ! tu crois qu'on ne peut pas vaincre ce défaut-là ? EMILE* Non, ma chère, c'est dans le sang. ROSE. Mon ami> je te prouverai qu'on peut en venir à bout. 36 LA JEUNE FEMME COLÈRE EMILE. Je ne demande pas mieux que d'en être convaicu. ROSE. Veux-tu l'engager seulement à me prendre pour modèle. Promets-le moi, et je vais te faire un ca- deau. EMILE. Un cadeau ? ROSE. Oui, je te donnerai mon portrait. EMILE. Gomment ! Rose, vous aviez votre portrait et vous ne me l'avez pas donné hier ? ROSE. Écoute donc, mon ami, il ne faut pas tout donner dans un jour ; je t'en prie, porte-le toujours sur ton sein, et quand tu te sentiras près de te fâcher, ar- rête un instant les regards sur lui. Alors sois en sûr, mon ami, ton sang se calmera ; à la colère succé- dera un sentiment plus tendre ; et bientôt mon Emile deviendra le plus doux, comme il est le plus aimable des hommes. KMILE. Ah ! ma bjnne amie, tu m'enchantes. ROSE. Que penses -tu du préservatif? Emile!. Il est excellent... Je vais me faire peindre tout de suite. ROSE. Te faire peindre?... Ah! je t'entends. LA JEUNE FEMME COLÈRE 37 Mais, donne-le moi ce charmant portrait : je brûle de l'avoir. ROSE. 'Attends, il est dans un tiroir de ma toilette. Ah î mon Dieu ! où est la clé ? Qu'est-ce que j'ai fait de la clé? EMILE, à part L'étourdie ! voyons ce qui arrivera. ROSE, cherchant partout. Ne l'as-tu pas vue, mon ami ? EMILE. Non ? ROSE, renversant, dans son impatience, les livres qui sont sur la cheminée. Cherche donc aussi... tu es là d'une tranquillité. EMILE. C'est inutile, tu l'as perdue. ROSE. Non : il n'y a qu'un moment, je la tenais encore, j'en suis bien sûre... ah ! mon ami, je me rappelle, c'est Thérèse qui doit l'avoir. Thérèse ! Thérèse!... Ne t'impatiente pas, mon ami. (Avec impatience.) Thé- rèse! (Elle prend la sonnette et l'agite avec violence de sa main gauche.) Thérèse... (Et frappant du pied, elle prend de l'autre main le cordon do sonnette qui est à la chemiaée.) Ne t'impatiente pas. EMILE, à part. A merveille. 38 LA JEUNE FEM.MJL CuLEUK SCÈNE XVII ROSE, EMILE, THÉRÈSE, venant lentement. THÉRÈSE. Me voilà, madame, me voilà. nosE. Allons, vile : la clé de ma toilette. THÉRÈSE. Quelle clé, madame ? ROSE. Quelle clé? celle que je vous ai donnée ce ma- tin. THÉRÈSE. Celle que vous m'avez donnée ce matin ? mais, madame, je vous l'ai rendue. ROSE. Vous me l'avez rendue, à moi ? THÉRÈSE. Oui, madame. ROSE. Gomment ! vous oserez me soutenir. THÉRÈSE, se fâchant par degrés. Oui, madame, je vous l'ai remise entre les mains. ROSE. Ah ! c'est un peu fort. LA JEUNE FEMME COLÈRE 39 THÉRÈSE. Vous étiez-lù, madame, comme vous y êtes à pré- sent. ROSE. Cette femme-là me fera mourir. THÉRÈSE. Je me souviens même que vous étiez en colère. ROSE. Quelle audace ! mon ami; quel affront! il est iin- possible de garder ces gens-là. EMILE, à part. C'est à mon tour : l'air furieux. (Haut.) un mo- ment; Germain!... Germain! SCÈNE XVIII ROSE, THÉRÈSE, GERMAIN, EMILE, GERMAIN. Que demande monsieur ? EMILE. Avez-vous trouvé la clé de la toilettp de ma- dame ? GERMAIN. Non, monsieur. EMILE, à Thérèse. C'est donc vous qui êtes coupable ? ROSE. Sans doute. 40 LA JEUNE FEMME COLERE THÉRÈSE, hors d'elle. Madame, si vous aviez des poches aussi, cela n'ar- riverait pas. ROSE. Impertinente I sortez de la maison ; ne reparais- sez jamais devant moi. GERMAIN. Ah ! mon Dieu ! madame, permettez-moi de vous le dire, quel bruit vous faites pour une clé ? on di- rait... EMILE, furieux. Gomment ! quel bruit ? je vous trouve bien in- solent : vous osez manquer à madame, malheureux ! sortez de chez moi, que je ne vous revoie plus. GERMAIN. Ah ! mon bon maître. EMILE. A la fin c'est trop souffrir ; sortez, vous dis-je, ou craignez ma fureur. THÉRÈSE. Ah ! mon Dieu ! qu'est-ce qu'il a donc ? EMILE, à part. Pauvres amis! il m'en coûte de vous afllij^^-i v"-"'^-) Soutenir que madame peut avoir tort.,. Vous êtes encore là... Pour la dernière fois, sortez de la mai- son, je vous chasse tous les deux. GERMAIN ot THÉRÈSE. Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! not' bon maître ! LA JEUNE FEMME COLÈRE 41 SCÈNE XIX ROSE, EMILE. biMILE, hors de lui. Gomme «*es valets abusent des bontés qu'on a pour eux ! ROSE. Comme il- sont malhonnêtes! l': MILE. Impertinents ! UOSK. Menteurs, ce sont toujours les domestiques qui occasionnent les querelles dans les ménages. EMILE. Nous n'en avons plus. Ainsi dorénavant nous se- rons toujours d'accord. ROSE. Ah ! sans doute. EMILE. Dans le fond, cependant, nous nous sommes fâ- chés pour peu de chose. Je t'avais bien dit qu'il était difficile de se corriger. ROSE. Ah ! mon ami, je te le jure, c'est la dernière fois que cela m'arrivera. C'est un si vilain défaut. Plus je te vois... Est-ce que cela ne te produit pas cet elfet-là, à toi? 42 LA JEUNE FEMME COLÈRE EMILE. Mais je t'avoue que je commence i\ ne pas trouver cela fort aimable. ROSE. Travaillons de concert à nous corriger, mon ami. Sais -tu bien que dans ces monients-lù, ta physio- nomie devient etrrayante ? Tu n'es plus le même. EMILE. Gela n'est pas étonnant, la colère change les traits, rend les yeux hagards. Si tu pouvais te voir alors, tu ne te reconnaîtrais pas... ah! tu n'es pas jolie. ROSE. Mon ami, il faut te corriger définitivement. EMILE. Allons, plus d'emportement, plus de colère : c'est fini. ROSE. Veux-tu en prendre l'engaj^ement ? EMILE. De tout mon cœur. nosE. Nous verrons le premier qui y manquera ; je suis bien sûre de moi, d'abord. EMILE. Et moi, je ne suis pas si fort ; il va furieusement m'en conter, et si tu ne me donnais pas l'exemple, je n'aurais pas le courage de répondre d« moi. ROSE. Sois tranquille, ., occupons-n ■ '^ ir»'' •l^-'^p. EMILE. Veux-tu faire de la musique ? LA JEUNE FEMME COLÈRE 43 ROSE. Ahl mon ami, la bonne idée ! on dit que la mu- sique calme les sens, qu'elle dispose l'àme auxémo- tions douces. KMILE. Voici justement une romance nouvelle sur la paix du ménage : elle nous convient à mervoille ; je vais t'accomi)agner avec mon violon. ROSE, chantant. Ah I que deux époux sont heureux Quand c'est l'amour qui les engage. EMILE, arrêtant. C'est trop vite. ROSE, continuant. Au sein des plaisirs et des jeux Ils goûtent la paix du ménage. ÉMILE^ interrompant. Tu manques ce dernier passage-là, ma bonne amie. ROSE. Tu crois ; allons recommençons, EMILE. Prends garde à la paix du ménage. ROSE, recommençant avec impatience Ah ! que deux époux sont heureux Quand c'est l'amour qui les engage. EMILE, s'arrôtaut. Allons, ferme î 44 LA JEUNE FEMME COLÈRE ROSE. Au sein des plaisirs et des jeux Ils goûtent la paix du ménage. EMILE. Ça n'est pas mieux, tu te trompes encore. ROSE. Non, c'est toi qui accompagnes mal. EMILE. Allons recommençons. ROSE. Encore ? allons, voyons : Ah ! que deux époux sont heureux Quand c'est l'amour qui les engage. EMILE. Ah! mon Dieu, comme tu dis cela vit« ! tu n'y es pas du tout. ^ ROSE, chiffonnant le cahier Au sein des plaisirs et des jeux Ils goûtent la paix du ménage. EMILE, l'interrompant. Ce n'est pas cela. ROSE, lui jetant lo cahier au nez. Ah! pour le coup, c'est ennuyeux. i':mile. Fort Lien! voilà un joli précepteur! il donne de bons exemples à son élève. ROSE, avec un peu de douceur. l'écoute donc ; j'ai promis de ne pas nremporter... sans motif. LA JEUNE FEMME COLÈRE 45 EMILE. Qu'est-ce que c'est donc que j'aperçois-lù au bout de ce mouchoir ? ROSE. A! mon ami... c'est la clé. EMILE. Quoi î la clé que vous demandiez à Thérèse. ROSE. Hélas ! oui. EMILE. Fort bien ! madame, et voilà ces deux honnêtes vieillards renvoyés. Pauvre Thérèse ! avec quelle barbarie vous lui avez parlé ! ROSE. Ah ! mon ami, je suis prête à aller lui deman- der pardon. EMILE. Oui ; il est bien temps. Irais-je aussi m'avouer coupable à Germain ? Gela serait il décent ? ROSE. Eh bien! mon ami, veux-tu faire une chose? Tu as renvoyé Germain, luoi j'irai lui parler. J'ai chassé Thérèse, tu feras une démarche auprès d'elle. Ne trouves-tu pas qu'il sera bien doux de réparer l'un par l'autre les torts que nous avons eus mutuelle- ment. EMILE, à part. Si j'en croyais mon cœur, j'irais l'embrasser ; mais la crise s'approche, il faut frapper les derniers coups. (Haut ) Quand je songe que je me suis mis en colère, cela me met dans une fureur... et les six 46 LA JEUNE FEMME COLÈRE personnes que nous attendons à dîner, pas un do- mestique pour les servir; c'est affreux. Il va s'agjeoir dans un fauteuil près de la table, à l'ex- trémité du théâtre. ROSE. Mon ami, pardonne-moi je t'en supplie... Vous ne répondez rien... Ah î Emile!... Elle s'en va en pleurant près de la toilette. SCENE XX ROSE, EMILE, VOLMAR. VOLMÂR. Eh Lien! dînons-nous? Ah! ah! vous voilà bien vraiment. On vous prendrait pour d'anciens époux. (Emile lui fait des signes d'intelligence.) Personne ne ré- pond. ciel! que vois je! ma sœur en pleurs! que signifient donc ces livres renversés ! Quel éclat ! quel scandale !... monsieur, (Feignant do la voir.) est-ce là le sort que vous préparez à ma sœur ? Quoi ! dès le lendemain... EMILE. Vous oubliez sans doute, monsieur, que je suis chez moi. ROSE, à part. ciel! je tremble. VOLMAR. Ne devriez-vous pas rougir? L.V JEUNE FEMME COLÈRE 47 EMILE. Monsieur, je ne reçois de leçon de personne. VOLMAR. Tant pis, monsieur, vous en auriez besoin. EMILE. Vous m'insultez. ROSE, à Volmar. Mon cher Volmar, songe qu'il est mon époux ; cher Emile, c'est mon frère. VOLMAR. Laisse-nous un instant ma sœur. EMILE, bas à Volmar. Feignons de parler mystérieusement. (Haut, en ayant l'air de parler bas.) Monsieur, VOUS m'cntendez. VOLMAR, do même. Quand il vous plaira, monsieur. ROSE. Grands dieux! que signifient ces mots ? EMILE. Rassurez- vous, ce n'est rien. Ne pouvons-nous pas nous expliquer tranquillement? (Bas à volmar.) Je vous en prie, contraignez-vous devant ma femme. VOLMAR, très haut. Oui, parlons plus bas. ROSE. Cruels! vous croyez m'en imposer, mais je vois quels sont vos horribles desseins. EMILE. Eh ! cessez de vous troubler, nous sommes calmes. 48 LA JEUNE FEMME COLÈRE ROSE, à part. Ce calme-là me fait trembler. EMILE, prenant la main de Volraar, et sortant. ^lonsieur, je vais vous attendre. VOLMAR. Dans un instant, je suis à vous. SCÈNE XXI ROSE, VOLMAR. ROSE. O ciel! Emile est sorti... (a Volmar, qui fait mine de lo suivre.) Mon frère, où vas-tu? VOLMAR. Laisse-moi sortir, ROSE, le retenant. Non, mon frère, vous ne sortirez pas. VOLMAR. L'infâme! je lui apprendrai... ROSE, se jetant à ses pieds. Mon frère, j'embrasse tes genoux. Si tu t'éloi- gnes, je meurs, VOLMAR. Laisse-moi. C'est lui qui m'a provoqué, et entre militaires. ROSE. Eh bien, si tu veux te venger, me vuilù ù tes pieds; mais, au nom de ce qu'il y a de plus sacré, LA JEUNE FEMME COLÈRE 49 respecte les jours d'un époux sans lequel je ne peux vivre. VOLMAR, après un instaot de silence. Allons, en ta faveur... ROSK. Mon frère, promets-moi de ne pas donner de suite à cette afifaire-là... je t'en supplie. VOLMAR. Eh bien! oui, je te le promets. ROSE, se jetant dans ses bras. Ah ! mon ami, tu me combles de joie, VOLMAR. Ma pauvre sœur! ROSE. Aussi il semble que ce soit un sort. Tout le monde se met en colère ici... Je suis vive... Emile est violent, tu es emporté. VOLMAR. Ton mari aurait bien besoin d'une leçon. ROSE. Ah ! sans doute, car il a un bien vilain caractère ; mais écoute-moi, mon frère, personne ne peut nous entendre, je vais te confier un secret... j'ai formé le projet de le corriger... VOLMAR. Toi? ROSE. Oui, moi, je veux être son précepteur. Ainsi, laisse-moi cette gloire-là. Tu ne te figures pas com- bien il a déjà fait de progrès aujourd'hui. Au mo^ 50 LA JEUNE FEMME COLÈRE ment où tu nous a interrompus, j'étais en train de le convertir. VOLMAR. Bah! ROSE. Vraiment ; je t'en prie, mon frère, ne te mêle pas de cela. Tu es trop vif, autrement tu m'exposes à perdre tout le fruit de mes travaux. SCENE XXII ROSE, VOLMAR, un petit JOKEY. LE JOKEY, criant. Monsieur le major, M. Emile a dit comme ça que j'aie bien soin de vous remettre cette lettre en par- ticulier. VOLMAR. Imbécile! allons, sors. SCENE XXIII ROSE, VOLMAR, lisant la leltro. ROSE. Une lettre d'Emile f... Quel mystère!... Je fré- mis... Mon frère, quelle est cette lettre ^ inontre- la moi. LA JEUNE FEMME COLÈRE 51 VOLMAR. NoD, Rose, je ne le puis. ROSE. Je veux la voir. VOLMAR. A quoi bon l'affliger ? ROSE, lui arrachant la lettre. Je la verrai, vous dis-je. VOLMAR. Hélas! ROSE, lisant. « Mon frère, à peine vous avais-je quitté que le » remords s'est emparé de moi. Il faut que l'em- » portement soit un vice bien affreux, puisqu'il » m'aurait rendu capable de percer le cœur auquel » je dois l'épouse la plus chérie. Hélas! pourquoi » lui ai-je présenté une main si peu digne d'elle; » mais du moins je n'empoisonnerai pas une vie qui » m'est chère ; peut être l'ubsence et la réflexion » viendront-elles à bout de calmer un sang trop im- » pétueux ; j"ai voulu m'épargner de déchirants » adieux, je pars et... » Mon frère, il ne peut être loin : prends le meilleur de tes chevaux. Pars, cours, vole et le ramène; dis-lui que je supporterai tous ses défauts avec patience, avec résignation. Dis-lui que je ne me permettrai jamais le moindre mur- mure ; mais va donc! le temps s'écoule. VOLMAR. Ma chère Rose, je te promets de faire tous mes eff'orts. O*^ LA JEUNE FEMME COLERE ROSE, Mais pars donc, je t'en conjure, ou bien je cours moi-même... VOLMAR, Adieu, je pars. SCENE XXIV THÉRÈSE, ROSE. THÉRÈSE, ayant un petit paquet sous le bras. Madame, je viens vous faire mes adieux. D'après vos ordres, je vais sortir de la maison. ROSE. Quoi! ma bonne, vous me quittez aussi. Ah ! res- tez, je vous en supplie, oubliez les torts que j'ai en- vers vous. THÉRÈSE. Non, madame, tenez, je vois bien que mes servi- ces ne sauraient vous convenir. Ce serait pour re- commencer au bout de deux jours. J'ai le malheur d'être trop vieille, je ne peux plus changer. ROSK. Thérèse, je vous proteste... THÉRÈSE. Ah! combien il en coûte «le se séparer de ceux avec qui on croyait passer sa vie. ROSE, à part. Elle me d/cliiro lo cuMir! LA JEUNE FEMME COLÈRE 53 THÉRÈSE. . Hélas ! je suis n^e dans cette maison, je croyais y mourir. J'ai été trente-deux ans avec feu madame la comtesse. Elle était si bonne, si douce. Aussi était-elle chérie, adorée de tout le monde, ROSE, à part. Oh! que je souffre. SCENE XXV • GERMAIN, arrivant avec sa valise bous le bras, ROSE, THÉRÈSE. ROSE. Et VOUS aussi, Germain, vous partez? GERMAIN. Oui, madame. ; ROSE. O ciel! tout le monde m'ai)andonne. GERMAIN. Monsieur m'a donné mon congé. ROSE. Eh ! non, mes amis, vous restez tous les deux. GERMATN. Me serais-je jamais attendu à être traité de la sorte. ROSE. Oui, sans doute, il a eu un mouvement de viva- cité bien condamnable, mais vous savez qu'il est d'un naturel très violent* 54 LA JEUNE FEMME COLÈRE GERMAIN. Lui, madame? THÉRÈSE. M. Emile, violent, c'est une calomnie. ROSE. Depuis le temps que vous le servez, vous devez être habitués à ses emportements. GERMAIN. Madame, on vous a indignement trompée. Au contraire il nous a comblés de bontés jusqu'à ce jour. Monsieur Emile est l'homme le plus bienfai- sant, le plus affable. THÉRÈSE. Qui a le meilleur caractère. GERMAIN. L'humeur la plus égale. Dans tout le pays, on le cite comme un modèle de douceur et de bonté. ROSE. Gomment, dans sa jeunesse, il ne battait pas les domestiques de son oacle ? GERMAIN. Lui ! battre les domestiques. THÉRÈSE. Ah! mon Dieu! madame, qui est-ce qui vous a donc fait toii-^ ces mensonges? GERMAIN. Quand il était enfant, son oncle ne lui faisait qu'un reproche, c'était d'être d'un naturel trop timide. LA JEUNE FEMME COLKRE 55 ROSE. Tout ce que j'entends... GERMAIN. Depuis que je suis i\ son service, il ne lui était ja- mais arrivé de se mettre en colère contre moi. Si j'avais le malheur de faire mal, il me reprenait d'un ton si doux, avec des manières si bonnes... ROSE. Et le bras qu'il vous a cassé ? GERMAIN. Le bras qu'il m'a cassé? Ahj juste ciel! mais madame, on a voulu s'amuser à vos dépens, per- mettez-moi de vous le dire. THÉRÈSE. Lui! ah ! le pauvre cher homme, 11 est incapable. GERMAIN. Mais, madame, ce n*est que depuis son mariage qu'il est changé comme ça... Je ne sais quel malin esprit est entré dans la maison. ROSE. ciel! quel trait de lumière. Mes bons amis, laissez-moi un instant; mais ne vous éloignez pas, votre maître vous aime toujours, vous ne voudriez pas l'aflliger, n'est-il pas vrai ? THÉRÈSE. Ah! le ciel nous en est témoin. ROSE. Restez donc, car votre départ lui donnerait bien du chagrin. GERMAIN. Allons, notre femme... 56 LA JEUNE FEMME COLÈRE ROSE. Braves gens, soyez bien sûrs que désormais vous ne trouverez ici que des cœurs qui vous chériront. Ils vont pour sortir, Emile et Yolmar les relieuneut au fond du théâtre. SCENE XXVI ROSE, seule. O ciel ! Emile est d'un caractère doux, afifable, et il a feint la violence, l'emportement. En restant avec moi, dit-il, il ferait le malheur de ma vie. C'est donc moi qui fais le malheur de la sienne... Et il a la générosité de s'accuser... Cette lettre, ce départ sont une feinte sans doute, mais devien- draient bientôt une affreuse réalité. Oserai-je lever les yeux devant lui... mais que dis-je, jamais je ne fus plus sûre de son amour. SCÈNE XXVII GERMAIN, THÉRÈSE. EMILE, VOLMAR, sont au tond du théâtre pendant la scène précédente, ROSE sur le devant. EMILE, avec chaleur. Oh 1 ma Rose, je touibe à tes pieds. ROSE, jetant un cri. Mon ami, c'est à moi de me jeter aux tiens... Je sais tout. Ils m'ont tout dit... Ah! Emile, comme vous me trompiez, et vous, mon frère, comme vous étiez son complice. LA JEUNE FEMME COLERE )/ KMlLi:. Ils t'ont révélé mon secret, mais je suis coupable .lartifice, n'ai-je pas un pardon à obtenir? ROSE, 80 Jetant dans ses hras. Ah î mon ami, tu as éclairé à la fois mon esprit et mon cœur... Et moi qui voulais te donner des le- çons. EMILE. Ma chère amie, les meilleures sont <'olÎPs que l'on reçoit en croyant les donner. THÉRÈSE. Ah î monsieur^ je réponds d'elle. Si vous aviez vu tout à l'heure. Quand on a un bon'cœur, il ne faut jamais désespérer. Soyez aussi bonne que belle, et tout ira l)ien, mon enfant !... Ah ! pardon, madame. ROSE. Pour un homme si doux, comme tu as bien joué l'emportement. Tu as été violent, colère; mon ami, changeons de rôle, je veux à ton exemple devenir douce et bonne, mais j'irai plus loin que toi. Tu ne m'as imité qu'un instant, et moi je veux te ressem- bler pour toujours. 1': MILE. Ma chère Rose, on ne se corrige pas si facilement d'un défaut. Tu y retomberas plus d'une fois peut- être ; mais tu en as vu les funestes conséquences, et avec le secours de l'indulgente amitié, tu finiras par en triompher. Tu sentiras que la douceur, que la bonté, sont le plus bel ornement d'un sexe aima- ble, et le gage assuré du bonheur des époux. Rideau. Imprimerie Générale de Châtill<«-»-Seine. — A.. Picbat. A LA MÈMK LIBHAIHIE VAffaire Ronâecuir, comédie en 1 acte, par E. Max et Eug. Leclerc. Un salon d'attente. De nos jours. i2 hommes, 1 femme. — Prix. . ' » , Agence Matrimoniale, comédie en I. acte, par Emile Desbeaux. Un salon en 'J873. 3 hommes, 1 femme. —Prix 1.50 L'Ami Fritz-Poulet, i)arodie de VAmi Fritz en 2 actes, par Monréal et lUondeau. D) nos Jours. 8 hommes, 10 femmes. — Prix. . - . 1.50 A perpétuité, comédie en 1 acte, par (i. Potit. Un salon. De nos jours. 3 hommes, 1 femme. — Prix 1 » L'Auberge de la Foret, pochade en 1 acte, par E. Durafour. Une cour d'auberge sous Louis XV. 2 hommes, 2 femmes. — Prix .... 1 » L'Automate, folie-vaudeville en 1 acte, i)ar E. Durafour. Une salle à manger. De nos jours. 4 hommes, 1 femme. — Prix. . ; . . . 1 * Une avalanche de domestiques, folie-vaudeville en 1 acte, par E. Durafour. Une salle à manger. De nos Jours. 8 hommes, 5 femmes. — Prix. 1 > Le Bailli (le vas-j/-voir, folie-vaudevilli' en J acte, par Em. Durafour. In- térieur rustique. De nos jours. 2 hommes, 2 femmes. — Prix. . 1 • Bamboula, vaudeville en 1 acte, j>ar E. Durafour. Salle à manger. I>" nos jours. 2 hommes, ] femme. — Prix 1 La Banquette Irlandaise, comédie en 1 acte, par Marc Sonal et V. Gréh": Un cabinet de travail. De nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Prix. 1.5U Les Bétes noires du Capitaine, comédie en 4 actes, par P. Celières. De nos jours. hommes, 3 femmes. — Prix 2 » Bobinetle, vaudeville en 1 acte, i)ar Saint-Agnan Choler. Une rue de village. De nos jours. 3 hommes, 3 femmes. — Prix 1.50 Les Brigands par amour, vaudeville en 1 acte, par G. Marot. Vn salon. De nos jours. 4 hommes, 2 femmes. — Prix 1 . ••> La Cabine n'^ 9, comédie-bouffe en 1 acte, j)ar Marc Sonal et P. Laurey bureau d'attente aux bains. De nos jours. 3 h. 2 f. — Prix. ! Les Cambrioleurs, drame en 5 actes, 7 tableaux, par Em. Max et Ch. 1. celin. De nos jours. It hommes, 4 femmes. — Prix » Carmagnol, drame en 5 actes, par Emile Max et Eug. Leclerc. Do i jours. 9 hommes, 6 femmes. — Prix • - Ce bon Cyprien, vaudeville en 1 acte, par Marc Sonal. Un salon. De ik»» jours. 2 hommes, 1 f.'inme. — Prix • 1 >» C'est le professeur, comédie en 1 acte, par G. Maquis et Alf. Bertinot. In salon de villag(S De nos jours. 4 hommes, 2 fenunes. — Prix. . 1 La Chambre des baiters, liiùce en 3 actes, i)ar Mare Sonal. De nos jou; 8 hommes, 5 femmes. —Prix 2» Charge-toi d'Aglaé, vaudeville en 1 acte, par Marc Sonal. Un salon. De nos jours. 2 hommes, 2 femmes. — Prix 1.50 Charlotte et Niçoise, comédie-vaudeville on 1 acte, par G. Marot. Un sa- • Ion. De nos jours. 1 homme. 1 femme. — Prix l ^ Le Client de Cnmpagnac, eom/di.- en 1 acte, par G. Petit. Un cabim t travail. De nos jours. 4 hommes, 2 femmes. — Prix ! Les (leur Cousins, folie-vaudeville vn 1 acte, parEm. Durafour. Un Ion. Do nos jours. — 2 hommes, 2 fonuues. — Prix i Jm Di nette, drame en 1 acte, par .Marc Sonal. Une garçonuiôre. Do nu» jours. 1 homme, 1 femme. — Prix I » Les Environs de Paris, vaudeville en 4 actes, 8 tableaux, par Blondeaa et Monréal. De nos jours. 11 hommes, 14 femmes. — Prix. ... 2 » /uu.r -,c j,,,m,.,,., .u.,iH. ca o actes, pur H. GrisafuUi. Eu 1800 nommes, < Jeiniius. — Prix «, ^ FamiUe Singer, vaudevillc-pantominu! en 1 act<*, par*!'* Mevan et \. Guyon. Une chambre d'hùtel. Du nos jours. 3 h. 2 f. — i'rix' 1 » Farces de To/o. tolio-vaud.'villc en 1 acte, par E. Durafour. Un salon. ' • nos jours. 4 hommes, 2 femmes. — prix i „ Femme de Paillasse, drame en fi actes, par X. de Montênin En 1847 -S hommes, 9 femmes. — prix * « )> Pc/e, comédie en '.i actes, par Edouard Cadol. De nos jours *6 hom'- îs, 4 lemmes. — Prix ., ...,. >V0HS donc aux femmes, roUc-v.nuieyiUc en i acte,* par Em'. Durafour l salon. De nos jours, i liumme,;, l femme. —Prix. ... i >'> \eet Sonore, vaudeville en i acte, par Em. Durafour. Une'salle à inger. De nos jours. 3 hommes, 2 femmes. — Prix • » ils d'une romédienne, drame en o actes, par L. et F.Beauvaîlet^ De jours, 13 hommes, 10 femmes. — Prix 2 » fureurs de Bonchonnard, vaudeville en 1 acte, parEm! Durafour et Aupto. Lu salon. De nos jours. 3 hommes, 2 femmes. _ Prix. 1 n 'rr'eve des ynodistes, folie-vaudeville en 1 acte, par Em. Durafour Un lion. De nos jours. 4 hommes, G f«unmes. — Prix 1 „ bisy rue Papillori vomùdiL'.himffc en 1 acte, par Mar'e 'sônal et Grehon. In boudoir. D;' nos jours. 3 hom. 2 fem. — prix « , mdant de papa, xaiidwillo en J acte, par P. de Xéha et MaVsoual « salon. De nos jours. 3 hommes, 2 femmes. — Prix. 1 j ^uesFayan, drame en 1 acte, par J. Bobillot et Emile Max.* Une cham- re. De nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Pi^ix I , mretroucerma femme, folie-vaudeville en 1 acte,* par Em*. Durafour' chambre à coucher. De nos jours. 2 hom. 2 fem — Prix 1 » ii1.H'£^ ''" l r**'' ''^^'* ■^- ^'"'"'^'' ^t Matrat. Un salon. i)e nos flrs. 2 hommes, 2 femmes. — Prix i ^W-Ai, pièce en 1 acte, par J. Sermet et L. *Bita*ine*. Un jâr*din ia" |nais. De nos jours. 8 hommes. 10 femmes. — Prix. ... 1 „ ^mZ, folie-vaudeville en 1 acte, par Em. Durafour et *P.' d'e *Néha Un peau. De nos jours. 3 hommes, 2 femmes. — Prix i „ loiselle Anrore, comédie-vaudeville en 3 actes, par *M■aur.*cilampa- le. De nos jours. 10 hommes, 5 femmes. —Prix. .... ^ ^^^ 'laisondu ynari, drame en •; actes, par X. de Mont'ép'in e't V.*K*ervani' nos jours. 6 liommes, 6 femmes. — Prix ....... 2 „ lalade au second, comédie en 1 acte, par Ma'rc* Sonal êt'v.* Gréhon" paher d'escalier. Do nos jours. 4 hom. 2 fem. - Prix 1 5() Tr nfnTT' ^«^^•'-^""''''ville en 1 acte, par E. Durafour. Ûa inté- iur modeste. De nos jours. 1 homme, 2 femmes. - Prix i >, teLT?éînj;eri%^ir;^\'?^".'?":^.^ '''''- '""^^^'^^rsi Médaille, pièce en 1 acte, par Paul JuUien. Un sal*on sur un parc Au )yen âge. 2 hommes, 11 femmes. — Prix '^ „ mvelle bonne, vaudeville en 1 acte, par Monn'al, 'uie'sâlîe à man- De nos jours. 3 hommes, 2 femmes. — prix. ... 4 "q \uit aux émotions, vaudeville en 1 acte, par Em. Durafour Une saHe Pauberge. De nos jours. 6 hommes. 3 femmes. - Prix . 1 „ Nuit de noces, folie-vaudeville en 1 acte, par H. Monréal et *P 'mpvpw' ne chambre d'hôtel. De nos jours. 5 hôm. 3 fêm. - Prix. . V » La Nuil (le noces de In fille Anffol, taud- .; , ,^- .:.......« Blondeau. Une chambre de ])erruqui<'r. Ea j 793. - h. 1 i. — Prix. On est bien forcé d'être honnête..., vaudeville eu \ acte, par Em. Durai Une salle à inangor. De nos jours. 2 lioin. '1 feni. — l'rix ... Ou Vamour vU't-il se nicher'.' vaudeville en 1 acte, par Em. Durafour. i salle à manger. De nos jours. 1 homme, 2 femmes. — Prix . . \ n Un Pantalon pour deux, pochade en 1 âcU\ par E. Durafour. Une salle à manger. De nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Prix 1 - Le Petit Canuchon, vaudeville en 1 acte, par Monroal et G. (îrisier. i s.'ille à manger. De nos jours. 4 hommes, 2 femmes.. — Prix. . ! La Petite à Bobinel, Vaudeville en 1 acte, par P. de Néha et Marc Sm Un salon. Do nos jours. 3 hommes, 2 femmes. — Prix i Une Poire pour la soif, comédie-bouffe en 1 acte, par Marc Sonal et V, Gréhon. Vi\ salon. De nos jours. 3 hommes. 2 femmes. — Prix. l.aO Le Pompier de Victoire, folie-vaudeville en 1 acte, par Em. Durafour. Une salle à inanger. De nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Prix. 1 » Les Postillons de Fougerolles. drame en 5 actes, par Henri Crisafulli. En \H)9. 1 hommes, 3 femmes. — Prix 2 » Le Premier rendez-vous, comédie en 1 acte, ])ar J. de Nouvelle. Un ate!--- de peintr.'. De nos jours. 4 hommes, 1 femme. — Prix .... 1 In Quiproquo, pochade en i acte, par Em. Durafour. Une salle à ii ger. De nos jours. 2 hommes,.! femme. — Prix ! Revendication, pièce en 3 actes, par Ch. Huber et Ch. de Trogoflf. De i jours. 7 hommes, 3 femmes, — Prix 1 Sauve gui peut, folie-vaudeville en 1 acte, par E. Durafour. Un salon. nos jours. 3 hommes, 2 femmes. — Prix 1 La Serinette de Jeannot, vaudeville en 1 acte, par Blondeaa et Monr Salon sous Louis XV. 3 hommes, 1 femme. — Prix ! Serment d'ivrogne, drame en 1 acte, par Emile Max et Eug. Leclerc. I chambre. De nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Prix 1 Son Altesse, comédie en 3 actes, par Edouard Cadol. De nos jon 5 hommes, 2 femmes. — Prix <> Le Tableau, comédie-bouffe en 1 acte, par Lenéka et Matrat. Un salon. De nos jours. 2 hommes. — Prix ' 1 ) Tentée, drame en lacté, par Pierre Karatt. Une chambre. De nos jou 2 hommes, 1 femme. — Prix ! JjCs Terreurs de .larnicolon, vaudeville-pantomime on 1 acte, par .Moni . et IMondiau. Une diambre. De nos jours. 2 h. 2 f. — Prix. . . 1 > Très fragile, eharentonnade en 2 actes, par Hermil et H. Buguet. En lb72 6 honimes, 10 femmes. — Prix . 1 Le Truc de Godillard, vaudeville en 1 acte, par Marc Sooal. Un salon De nos jours. 2 hommes, 3 femmes. — Prix l.î>< Le Vampire de Montlignon, folie-vaudeville en i acte, par Em. Durafour Vn intérieur rustique. De nos jours. 3 boni. 1 fem. — Prix . . 1 Un Vieux farceur, vaud«ville en 1 acte, i)ar Em. Durafour. Uhe sali» manger. Dj nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Prix i Viv' la joie et tes militaires!!! pochade en 1 acte, par H. Buguet. Une sali- à manger. De nos jours. 5 hommes, 6 femmes. — Prix. , . • . i Zizine et Gripardin, vaudeville en 1 acte, par E. Durafoar. Une man sarde. De nos jours. 2 hommes, 1 femme. — Prix • • • 1 , , ln I I (:hi:z li-: même edîti t . (Format grand in-18 jésus) COMÉDIES ET COMÉDIES-VAUDEVILLES NOUVELLES Qeorges ANCET L'Avenir, 3 actes ... 2 » La Duve,7) acte» ... 2 » (rr and' M ère, 3 aclet. . 2 » Les inséparablet. 3 ac. 2 » Afonsievr Lamhlin, la. 1 50 H. BAUËR ■i Maîtresse^ 4 actes . 2 » Paul BILHAUD et Maurice HEWNEQUni Le* Dragées d'Hercule, 3 acte» • . La Famille lioléro, 3 a. Le Gant. 1 acte .... Heureuse ! 3 actes. . . il 'amour, ? actes . . . iVellv Rixier, 3 actes . Le Paradis, 3 actes , . M. BONIFACK Clarisse Arbois. 3 actes. La Crise, 3 actes. . . . Les Petites Marque^ i La Tante L^oniine, 3 a. BRIEX7X ^Armature, 5 ac'tes. . Les Avaries, 3 actes. . Le Berceau. 3 actes . . Les Bienfaiteurs, 4 acl. Blanchette. 3 actes. • . / a Couvée, 3 actes. . . La Déserteute. 4 act»-8. L Kcoie des Belles- Mè- res, 1 acte L' Kngrenaçe, 3 actes . L' Evasion, 3 acies . . Les Hannetons. 3 act . àfattmité, 3 actes . . Ménagts d'Artistes, 3 a. La Petite Amie, 4 act. Béiultat des Courses, 6 acte* Lê$ Remplaçantes, 3 a. La Robe Rouge, 3 a. La Rose bleue, 1 acte . Us Trois Filles de M. Dupont. A ar.ien. . . 3 50 3 50 2 . 2 » 2 . • ^ 3 50 1 50 2 . 2 » 3 50 2 » 2 > 50 M CHAMPAQWK a couktsliuk Vn L' u«i > ul^^l PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSmr OF TORONTO LIBRARY PQ Etienne, Charles Guillaime 224.0 La jeune femme colère E8J4 1910